On le sait depuis longtemps maintenant, les petits enfants ressentent énormément de choses. Contrairement à nous qui sommes pour la plupart coupés de nos sentiments et de nos ressentis, les petits enfants sont spécialement capables de ressentir les choses qui se jouent autour d’eux. Ils ressentent donc l’ambiance qui se trouve dans un lieu, les émotions des personnes qui les entourent ainsi que les intentions d’une personne.
C’est pourquoi, quand on attend quelque chose d’un enfant, il vaut mieux être convaincu afin d’être convaincant. Se pose alors le problème d’être convaincu. En effet, parfois nous imposons aux enfants des règles qui ne nous conviennent pas. La société, notre famille, nos amis et parfois même notre conjoint nous imposent certains comportements auprès de notre progéniture. Combien d’entre vous peuvent dire qu’ils ou elles ne se sont pas senti(e)s obligé(e)s de faire faire quelque chose à l’enfant qui ne leur convenait pas. Parfois même dans un couple, faute d’arriver à se mettre d’accord, l’un a dû suivre les souhaits éducatifs de l’autre. Et souvent, à moins que l’enfant soit spécialement adaptable, l’enfant s’oppose, car il sent que vous n’êtes pas réellement convaincu; il est difficile, dans ces conditions, d’obtenir ce que l’on demande et ce même en lui expliquant les tenants et les aboutissants. On ne peut pas toujours être en accord avec ce que l’on demande à l’enfant, car la société nous impose certaines règles de bienséance, comme par exemple dire bonjour aux gens que l’on côtoie, manger ce que les gens qui nous ont invités nous ont préparé, ne pas crier dans les lieux publics, etc…. Il est important, dans ces cas-là, d’être conscient que, pour l’enfant, le message est double: d’une part notre langage verbal qui lui dit quelque chose et d’autre part l’enfant sent que notre corps lui dit autre chose. Pour lui, le message n’est pas clair. A partir de là, il vous est possible de lui expliquer, par exemple: « Tu vois, là, je te demande de rester assis sur ta chaise jusqu’à ce que tout le monde ait fini de manger, parce que chez eux c’est une règle importante. Je trouve personnellement que c’est quelque chose de très dur pour un enfant de ton âge, mais nous sommes tous les deux obligés de respecter cette règle afin d’être polis et respectueux envers eux ». Ainsi, l’équilibre est rétabli et les choses sont plus claires pour l’enfant.
Il est important que les choses soient claires pour l’enfant et que le monde qui l’entoure soit cohérent, car c’est un élément qui influence le développement d’une saine estime de soi. C’est pourquoi, selon moi ainsi que pour plusieurs autres spécialistes de l’enfance, il est important de parler à l’enfant, de lui expliquer ce que l’on pense, ce que l’on ressent et ce que l’on vit.
Comme l’enfant sent l’intention que l’on met derrière nos actes et nos paroles, il vaut la peine de savoir quels sont nos objectifs pour chaque parole et chaque geste que l’on fait envers notre progéniture. Par exemple, lorsque nous portons notre enfant, est-ce qu’on le fait pour lui faire un câlin, pour notre propre plaisir ou pour éviter qu’il touche quelque chose dans un magasin, etc… Etre clair avec notre intention, notre but, permet à l’enfant de se situer, d’être au clair avec le pourquoi du comment même sans parole. Attention, je ne veux pas dire par-là qu’il ne faut pas lui parler et lui expliquer les choses, bien au contraire, mais ainsi nos gestes et nos paroles disent la même choses et rendent à l’enfant le monde qui l’entoure cohérent.
Pour finir, le pouvoir de l’intention est aussi quelque chose de positif, car il vous permet, par un geste même maladroit, de lui exprimer votre amour et toute la tendresse que vous lui portez. L’enfant a pu et peut sentir chaque fois que votre intention envers lui a été bienveillante. Cela peut permettre de nous déculpabiliser lorsque nous nous sentons mal de lui avoir crié dessus, faute de patience ou de sommeil, par exemple. Lorsque, par la suite, nous ressentons ce mal-être, et lui exprimons nos excuses, l’enfant le ressent et peut sentir que vous voulez le meilleur pour lui.
Vous l’aurez compris, je ne peux que vous conseiller de parler « vrai » à votre enfant tout en étant au clair avec votre intention.